Inscriptions budgétaires 2016 - Virginie Calmels

Monsieur le Président, mes chers collègues,

Dans la lignée de ce qu’ont dit mes collègues, nous allons nous abstenir au nom de l’intergroupe.

Je voudrais revenir rapidement sur le fait que cette délibération a l’air un peu anodine, mais il s’agit quand même de la reconduction d’AP et d’AE pour le budget 2016 qui, au fond, est tout sauf anodine comme la formulation semble le laisser croire. D’abord, nous venons de le souligner, il y a quand même un manque singulier de transparence de cette délibération, elle porte pourtant, si j’ai bien compris, sur 1.5 milliard d’euros, près de 600M€ en AP et 960M€ en AE. Donc je pense qu’il aurait été intéressant, pour mieux informer le vote de cette Assemblée et nous permettre de nous déterminer, de détailler en annexe la ventilation de ces autorisations selon les différents postes de dépenses fonctionnelles. Ce qui nous importe ici, c’est de savoir quelle sera l’allocation exacte de tout cet argent public.

Ce manque de transparence nous semble d’autant plus regrettable, et à vrai dire un peu incompréhensible, que l’exécutif a toutes les cartes en main, il s’agit de la reconduction des équipes sortantes, donc vous saviez pertinemment, avec la plus grande exactitude, l’état et l’avancement de chaque programme d’autorisations. Pourquoi ne pas faire part au Conseil aujourd’hui ? Vous nous demandez tout bonnement de voter un peu à l’aveuglette et en toute confiance, nous aurions pourtant aimé pouvoir étudier ce dossier de manière plus approfondie.

Sur le fond, au nom de tout l’intergroupe, quand je dis que la décision de reconduire les AP traduit chez vous un véritable manque de respect pour l’argent public, il représente de notre point de vue un mauvais augure à l’orée de cette mandature. Cette légèreté que vous tentez, qui plus est, de faire passer pour une nécessité, certes on ne veut pas bloquer les rouages de l’exécutif, et vous l’avez souligné, mais le fait d’écrire « il convient de reconduire les AP et AE dont nous discutons », précisément, je crois que la reconduction n’est que l’un des choix – et probablement le plus passif – laissés à ce Conseil par la loi NOTRe. Il est tout de même étonnant qu’il nous soit demandé d’ouvrir des autorisations avant même de songer à en refermer.

Avec cette reconduction, l’exécutif fait le choix de ne pas remettre en question – je ne vais pas dire les errements – les choix passés de sa gestion budgétaire. Vous invitez, Monsieur le Président, notre Conseil à poursuivre dans cette voie dépensière, où l’argent public, c’est-à-dire l’argent des citoyens, celui qu’ils ont confié à notre responsabilité, est considéré comme une denrée abondante, illimitée et qu’il convient, pour reprendre exactement votre formulation, « de dépenser sans trop se poser de question ». Et bien c’est facile. Vous le savez, on a parlé du peak oil, le pic de consommation de pétrole préalablement à l’écroulement du système entier, et bien aujourd’hui nous faisons face, chers collègues, à un pic d’argent public, les français ne peuvent définitivement plus donner davantage.

Alors tant pis, ne tenons pas compte du désespoir et de l’angoisse de ceux qui traînent le chômage et les incertitudes pour leur avenir, continuons à dépenser comme avant, chers collègues, la campagne n’aura donc servi à rien. N’avons-nous pas clairement entendu le ras-le-bol de nos concitoyens ? Ne nous ont-ils pas donné le clair mandat de changer les choses et notamment en matière de gestion ? La réduction de la dépense publique n’est pas un mirage, n’est pas un fantasme, c’est une obligation impérieuse si nous voulons sauver nos institutions. Cette délibération, au lieu de nous proposer une solution courageuse, ne fait qu’hypothéquer sur l’avenir. Je pense effectivement que c’est en Commission des finances, et vous avez fait sûrement ce choix, que reviendra à l’Assemblée d’être éclairée sur ces changements et sur la vision à la fois AP et AE, mais permettez-moi de souligner qu’il ne faut pas renoncer déjà aux promesses de la campagne. Vous aviez d’ailleurs promis de relever le niveau de dépenses d’investissement, je note pourtant que les dépenses prévues en investissement ne représentent plus dans cette version que 38% des autorisations, alors que celle consacrées au fonctionnement 62%.

Nous nous abstenons et, bien évidemment, nous attendons avec une grande impatience de la transparence sur les modalités et, surtout en Commission des finances, un examen approfondi des AP et des AE.

Merci à tous.

« seul le prononcé fait foi »