Discours d'installation du Conseil Régional - Virginie Calmels

Monsieur le Président, mes chers collègues,

Les électeurs de la grande Région Aquitaine Limousin Poitou-Charentes se sont déterminés, sans aucune ambiguïté, le 13 décembre dernier puis chacun et chacune est respectueux du suffrage des urnes, comme je le suis, et c’est d’ailleurs pour cette raison que je n’ai pas souhaité me présenter ce matin à la présidence de la Région. Vous venez d’être élu, et nous vous en félicitons. C’est le principe de la démocratie de s’y soumettre et nous avons, pour nous, la fierté d’avoir livré une campagne pour mettre sur la table les sujets que nous jugions importants, voir capitaux, centraux pour notre grande Région.

A cet égard, je souhaite, si vous me le permettez, remercier également tous les habitants de notre grand Région qui ont porté leurs suffrages sur notre liste « Génération nouvelle Région », et sur notre projet, et les assurer de notre détermination à poursuivre la défense de nos valeurs et de nos idées.

Le temps de la confrontation des idées est désormais derrière nous et, au nom du groupe Les Républicains, comme au nom de l’intergroupe d’opposition composé des groupes Modem, UDI et Les Républicains, je veux dire à l’Assemblée Régionale, ici réunie, que c’est dans un esprit à la fois constructif et pragmatique, et au nom évidemment de l’intérêt général et de l’intérêt régional, que nous prendrons position et conduirons notre action durant la mandature, sans jamais, bien évidemment, nous éloigner de nos convictions profondes.

Dans ce cadre, alors que vous entamez votre 4ème mandat, nous vous pousserons dans vos retranchements afin que vous présentiez une vision ambitieuse et créative – c’est un mot que vous venez d’utiliser – pour cette grande Région qui ne se limite pas à imposer aux deux autres anciennes Régions ce que vous appelez « le modèle aquitain », mais plutôt à capitaliser sur les forces des trois Régions existantes, en retenant les meilleures pratiques de chacune d’entre elles et en veillant à ce qu’aucun territoire ne soit laissé de côté.

Vous n’en avez pas parlé dans votre long discours, mais nous serons tout aussi attentifs à la mise en œuvre d’une vraie politique des Ressources Humaines pour les 8 000 agents car c’est bien un enjeu capital pour l’avenir de la grande Région. Nous veillerons notamment à ce que les alertes, énoncées dans le dernier rapport du CHSCT d’Aquitaine, trouvent des réponses satisfaisantes pour les personnels, en sollicitant des réponses précises lors des Assemblées Régionales, s’il le fallait.

L’autre point, sur lequel vous nous trouverez mobilisés, est la dépense publique. A cet égard, vous nous trouverez en face de vous si vous ne parvenez pas à conduire ce rapprochement politique et administratif des territoires, à minima à coûts constants, voir en réalisant des économies de fonctionnement, mais vous venez dans votre discours de le laisser entrevoir. C’était notre engagement devant les habitants, nous veillerons à ce qu’il soit également le vôtre. Et si vous fustigez la baisse des dotations de l’Etat comme justifiant une augmentation de fiscalité ou une annulation d’économie, alors nous veillerons à ce que vos positions à l’Assemblée nationale, lors du vote du budget, soient conformes à vos propos à Bordeaux. Si ce n’était pas le cas, nous vous demanderons d’être clair, comme toute opposition qui se respecte.

Comme l’ancien Président socialiste de la Région Ile-de-France, Monsieur Jean-Paul HUCHON, qui avait confié la présidence de la Commission des finances à l’opposition, pratique que Madame Valérie PECRESSE a décidé de poursuivre, ce qui est tout à son honneur, comme c’est le cas à l’Assemblée Nationale et comme c’est le cas au Sénat, je vous propose que vous confiez la présidence de la Commission des finances à l’opposition, c’est la demande que nous vous formulons ce jour, mais je crois avoir compris dans votre propos, Monsieur le Président, que vous y étiez disposé et je vous en remercie par avance.

Enfin, je voudrais rappeler la préoccupation majeure qui a animé toute notre campagne, en l’occurrence l’emploi, et je voudrais conclure en rappelant la situation inquiétante de notre Région en matière de chômage : à fin octobre 2015, la Région Aquitaine se plaçait en deuxième position des plus fortes hausses du chômage en Région sur un an, avec +5.5%, juste derrière Rhône-Alpes avec +5.6%. Comme vous le savez, nous avons là un vrai différent quant à l’appréciation des causes de ces mauvais chiffres. Ce n’est pas, selon moi, la seule question de l’attractivité de la région qui peut permettre d’expliquer ces mauvais résultats, et votre politique de l’innovation ne porte apparemment pas tous les fruits que vous pouvez escompter.

Nous agirons, pour vous convaincre, que d’autres mesures sont possibles, notamment dans le domaine de l’apprentissage, de la formation professionnelle, du soutien aux entreprises ou enfin dans le domaine de la diminution des dépenses publiques, de la diminution des règlementations et des normes, de la diminution de l’interventionnisme. Oui, Monsieur le Président, d’autres mesures, et nous les avons largement développées dans notre projet durant la campagne, permettraient de lutter plus efficacement contre cet accroissement très inquiétant du chômage, toutes catégories confondues.

Le déploiement dans un délai très court, du numérique pour l’ensemble de la population, que nous avons là aussi largement abordé dans notre projet, pourrait permettre toute à la fois un aménagement équitable du territoire, et un véritable développement économique. Dire que l’on n’a pas su passer du minitel à l’ordinateur, Monsieur le Président, est assez caricatural, si vous me le permettez, pour ne pas dire un peu insultant pour les habitants. Mais là où je vous rejoins, c’est que nous restons convaincus que la grande Région a accumulé un retard considérable dans le développement du très haut débit et qu’il est maintenant de votre responsabilité d’y mettre fin dans les délais les plus brefs, pour permettre de relancer l’emploi de proximité, qui est bien souvent directement lié aux capacités des technologies de l’information et de la communication.

Monsieur le Président, je vous assure d’une opposition présente, vigilante et responsable qui soutiendra coûte que coûte l’intérêt général, notamment dans le domaine de la mobilité, et qui soutiendra les politiques permettant de développer l’emploi.

Je vous remercie de votre attention.

« seul le prononcé fait foi »