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Discours introductif du 4 mars 2019 - Guillaume Guérin

(voir la vidéo)

 A l’heure, où se joue dans un contexte  économique et politique tendu la réforme de la politique agricole commune. Il est de notre devoir d’élus régionaux d’informer nos concitoyens de l’enjeu qui pèse sur notre modèle agricole français.

La semaine dernière, la France entière applaudissait  les fleurons de notre agriculture réunis porte de Versailles et si le salon se veut être la vitrine internationale de nos productions,  la dure réalité qui touche nos campagnes, avec le suicide d’un agriculteur tous les deux jours, est tout autre.

A l’heure où la population mondiale explose et où il sera de plus en plus question d’autonomie alimentaire, une remise en cause de la politique agricole commune et un affaiblissement de son budget pour un pays comme le nôtre serait une pure folie.

Les préconisations de la commission européenne laissent songeur et doivent au-delà de nos divergences politiques tous nous interpeller. Le Brexit, ou encore l’établissement récent de nouvelles priorités pour l’Europe comme la prise en compte des problématiques de sécurité et de défense ou encore le budget alloué à l’immigration ne doivent pas se faire au détriment du budget de PAC.

A ce jour si le budget était voté en l’état selon les préconisations de la commission, la France perdrait près de 7 milliards d’euros de budget sur la période 2021/2027…, soit 20 000 € environ par exploitation.

Une telle décision apparaitrait aux yeux de beaucoup comme une injustice supplémentaire portée à un monde rural désemparé, dont nos agriculteurs en sont les principaux acteurs, au risque même de sonner comme  attaque supplémentaire envers cette France périphérique qui a déjà tiré la sonnette d’alarme au cours des prémices du mouvement des gilets jaunes…     

Une France oubliée, qui a le sentiment de payer pour tout et qui n’aura bientôt plus droit à rien, cette France si bien d’écrite par Houellebecq qui « subirait un plan social secret, invisible où les gens disparaissent individuellement dans leur coin sans jamais donner matière à un sujet pour BFM...

Les élus régionaux que nous sommes, forts de la richesse et de la complémentarité de nos territoires sur lesquels nous vivons, doivent être les fers de lance de la protection de notre monde rural.    La Nouvelle Aquitaine avec ses 12 départements, ses 4,2 millions d’hectares de surface agricole utile,  ses très nombreux signes de qualités (41 indications d’origine protégées, 70 labels rouges, 16 appellations d’origine protégées…) font d’elle la plus grande région agricole de France mais aussi d’Europe. A ce titre nous estimons que nous devons être proactifs dans la défense du budget de la PAC en interpellant le gouvernement Français sur le fait qu’il est de son devoir  d’obtenir des autorités compétentes, le maintien du budget de la PAC pour la France pour la période 2021/2027. Tout en demandant que soit affirmé un principe de préférence européenne, seul gage d’une véritable sécurité alimentaire soucieuse des problématiques environnementales…    Ainsi qu’une harmonisation des normes entre les pays.

L’ARF, institution qui participe aux négociations, est représentée par un élu de Nouvelle-Aquitaine. Monsieur le Président, une question simple : croyez-vous que nous soyons suffisamment entendus ?

Car entre nous, à quoi serviraient les différents dispositifs régionaux d’aide à notre agriculture si le principal soutient que constitue cette PAC venait à leur faire défaut ?

N’a-t-on pas eu suffisamment honte d’apprendre le gâchis de près de 700 millions d’euros d’aides européennes allouées à la France pour développer nos zones rurales, où plus de 5000 projets associatifs ou privés avaient été validés et où près de 97% d’entre eux attendent toujours le versement du premier euro de subvention ?

Ceci vous parait sans doute comme cela fut mon cas totalement incroyable et pourtant c’est une réalité, ce problème serait dû selon les autorités compétentes à un « cafouillage » entre l’Etat Français et les Régions, problème pour lequel l’Union européenne est précisons-le, dédouanée de toute faute. Jusqu’en 2014, c’est l’Etat qui gérait les fonds leader, sauf qu’en 2014, l’Etat a décidé de confier la gestion de ce fonds aux Régions lesquelles alors en pleine fusion n’ont pu faire face à cette nouvelle mission, le traitement des dossiers a pris énormément de retard, sans compter que l’Etat a gardé l’autorité sur le déclenchement des paiements et que pour couronner le tout, le logiciel qui gérait cela est resté en panne jusqu’en… 2018.

Aujourd’hui, face à l’ampleur du fiasco, les Régions de France, assurent déployer les moyens nécessaires, chez nous l’exécutif socialiste de Nouvelle-Aquitaine assure à plusieurs médias qui ont relayés le scandale que 31 personnes ont été embauchées pour tenter de rattraper le retard et empêcher le retour de ces sommes allouées à l’expéditeur c’est-à-dire à Bruxelles…

Ironie de l’histoire, la Roumanie par exemple souvent regardée avec condescendance par ses « partenaires européens » a quant à elle dépensé toute son enveloppe et a même demandé une rallonge à Bruxelles… Les propos de T. Guignards, président de Leader France qui représente les porteurs de projets sont édifiants «  on ne va pas quand même pas renvoyer les 700 millions d’euros à Bruxelles » 

Monsieur le Président, une suggestion simple : demandez des informations sur la situation.

Dans le contexte social actuel, auquel je vais faire référence dans quelques instants, il est sans doute délicat de dénoncer pareille gabegie financière mais garder le silence ne serait-il pas pire ?

Depuis près de 4 mois la France connait des mouvements sociaux à la structuration et à l’ampleur inédite, je ne m’étalerais pas là sur la dérive de ce mouvement mais comment passer sous silence les dégradations massives connues dans nos villes, c’est à ce titre que nous voterons la délibération 1 pour soutenir nos TPE et nos artisans victimes collatérales de ces désordres inacceptables nous relevons toutefois que le recours aux fonds publics est une nouvelle fois sollicité pour tenter de réparer les dégâts de quelques casseurs !

C’est la raison pour laquelle nous nous associons aux demandes d’arrêt de ces manifestations et demandons le retour à l’ordre public.

Nous saluons le courage et l’engagement des forces de l’ordre qui font preuve d’un grand sens des responsabilités chaque fin de semaine, notamment sur Bordeaux… et nous souhaitons bien sûr qu’elles conservent leurs moyens de défense actuels.