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Soutien aux acteurs du mouvement sportif - COVID 19 - Pierre Durand

( voir la vidéo )

Monsieur le Président, Chers Collègues,

Nous voudrions vous faire partager la réflexion de notre groupe.

Nous pensons qu’avant de parler de « rebond », il serait plus approprié de parler d’aide à la survie des acteurs du mouvement sportif.

Une enquête de la semaine dernière, diligentée par le CNOSF révèle qu’en raison de l’épidémie, la perte estimée de licenciés est de 26% et la perte économique de 376 M d’€.

Il y a péril ! surtout qu’il va falloir vivre durablement avec ce virus tueur.

Autant dire que la souffrance des acteurs du sport n’est pas finie alors que les contraintes des confinements successifs empêchent la pratique du sport par tous ; ce qui est contre productif.

Dans ce contexte, réaffecter en 2021 à hauteur de 600 000 € les autorisations de programmes 2020, ne peut être considéré comme un effort supplémentaire mais comme un juste retour. Retour somme toute modeste, car cette somme redistribuée au profit de 90 têtes de réseau et de 90 Clubs du dispositif « Club Amateur Elite » représente en moyenne pour chacun, environ 3 333 €…

Il faut en avoir conscience, même si par ces temps difficiles et incertains, il serait aussi indécent de ne pas apprécier cet apport. Il ne créera toutefois pas, les conditions d’un rebond.

Pour envisager un rebond, il va falloir engager une réflexion raisonnable et raisonnée.

Raisonnable, car ce n’est pas à coup de perfusion d’argent public que l’on va créer les conditions de la croissance qui seule, nous préservera d’une lente agonie de l’économie. L’exemple japonais est là pour nous le rappeler. Gardons nous donc de « soviétiser » l’économie, surtout en créant de la monnaie à partir de rien !

Une réflexion raisonnée, qui doit se construire à partir du constat que la Covid 19 est révélatrice des dysfonctionnements du sport Elite, amateur et professionnel, lequel consomme en investissement et fonctionnement plus de 80% du budget 2020 de la Région consacré au sport (8 637 355€ sur 10 614 000 €).

Or, le sport Pro plus particulièrement, doit s’introspecter et revoir son modèle économique trop fragile, lequel place de nombreux Clubs dans une situation très délicate. Depuis des années, le sport Pro est engagé dans une fuite en avant qu’une institution comme la nôtre ne peut pas encourager. Beaucoup de Clubs Pro de foot ou de rugby de notre Région pour ne parler que de ces deux sports, présentent des résultats financiers très inquiétants, voire désastreux. A commencer par les Girondins qui sont dans le rouge. Au cours de la saison 2018/2019, le Club a accusé 25 M € de déficit. On craint le pire pour la saison 2020/2021. Et les contribuables ne doivent pas être appelés à mettre la main à la poche, pour payer la facture des dérives du sport business entretenues par des dirigeants pris de la folie des grandeurs ou uniquement motivés par des objectifs de financiarisation. Ne les sauvons pas de leurs excès. Ne prêtons pas notre concours à la création de bulles spéculatives qui peuvent crever à tout moment.

Si l’on regarde le pilier SPORT du budget 2020, articulé autour de 5 objectifs, attardons-nous sur le dernier intitulé : « Un sport (territoire) qui gagne », lequel concerne le sport Elite et Professionnel.

Sommes nous bien sûr que c’est un sport qui gagne et qui fasse gagner notre territoire ? Parlons-nous de la fierté de revendiquer des victoires sportives ou d’une valorisation par les valeurs que ce sport véhicule ? Sur ce deuxième volet, nous ne pouvons pas y trouver notre compte.

Certes parmi les arguments motivant cette politique, vous prenez soin de préciser que le Région veut accompagner ces Clubs dans « une réflexion sur l’évolution de leur modèle économique. »

C’est une bonne intention à la condition qu’elle ne reste pas incantatoire. Quel progrès dans ce sens ont ils été accomplis en 2020 ?

Pour parler de rebond, c’est une vraie révolution qui doit être engagée dans le sport pro, à commencer par la fin de la surenchère sur les salaires des joueurs. Voir l’excellent article de Sud Ouest du 6 novembre dernier sur ce sujet dans le rugby, qui rappelle que « le rugby pro a fabriqué plus de chômeur que le sport amateur. »

En attendant que le sport professionnel fasse l’effort nécessaire pour retrouver le chemin d’un équilibre financier durable, notre groupe demande à ce que l’effort de la Région à l’avenir soit inversé. Que 80 % du budget aille au Sport pour tous – à l’aide au mouvement sportif – à l’aménagement des équipements et au Creps et 20 % aux Clubs Elite.

Plus que jamais, il faut comprendre que la vraie richesse dans le sport, comme ailleurs du reste, c’est le bénévolat sur lequel repose les Associations loi de 1901.

Sans bénévolat, le sport encadré en France est mort.

Ce bien précieux qu’est le bénévolat, il faut le protéger, le respecter, l’estimer, lui témoigner de la considération et l’encourager sans faillir. Ses quelques faiblesses n’auront jamais les conséquences désastreuses de l’argent fou du sport professionnel. Le bénévole lui, ne coûte rien…

Il faut donner plus que jamais ces lettres de noblesse au bénévolat.

Ce terreau doit être préservé, enrichi sans cesse et libéré des contraintes administratives exagérées qui le démotive.

Aidons les petites structures sportives associatives sans condition de trésorerie ou de nombre d’emploi pour mériter l’aide de nos plans successifs d’urgence, de soutien ou d’accompagnement. Trop peu d’entre elles peuvent aujourd’hui en bénéficier. Elles cochent rarement les bonnes cases.

C’est par la remise à plat de notre politique au bénéfice du sport que nous pourrons préparer le rebond du monde d’après Covid.

Malgré tout ce qui vient d’être dit notre groupe votera favorablement cette délibération.