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Education Nature Environnement - Alexandra Siarri

En 2050, nos ressources en eau potable auront diminué de moitié dans notre Région. Et ici comme ailleurs, dans notre pays, 50% des vertébrés auront disparu. Ces deux chiffres effrayants parmi d’autres, illustrent l’obligation morale vitale qui s’impose à nous, et singulièrement à vous qui êtes en responsabilité dans cet hémicycle, pour informer les habitants et les conduire vers un nouveau modèle de développement.
 
Nous devons accélérer la transition écologique : « former des citoyens actifs et responsables parce que conscients et accompagnés » en est la condition première de réussite. Nous sommes pleinement en accord avec vous quand vous écrivez dans ce règlement « qu’il n’y a pas d’actions efficaces ni de débats constructifs, sans citoyens éclairés».
 
Ce règlement d’intervention est donc censé incarner l’intensité de votre ambition pour répondre à cette responsabilité déterminante. Ce règlement doit permettre la mobilisation de chaque habitant de notre grande région dans un contexte inquiétant de disparition des débats sur les questions écologiques.
 
Nous avons regardé ce règlement, Monsieur le Président, d’autant plus en détail qu’au cours du mandat précédent dans notre ex aquitaine, vous nous aviez promis avec votre défi Aquitaine Climat d’entrainer dans une dynamique vertueuse un Aquitain sur 1 000 pour le Climat.
 
Chacun sait ici que la promesse ne fut pas tenue. Fort de cette expérience, on aurait pu espérer que ce règlement soit très précis d’autant que vous nous promettez aujourd’hui un virage significatif en priorisant l’approche de l’expérience cognitive acquise par la découverte, de la nature et du milieu.
 
Evidemment l’impulsion gouvernementale est fondamentale, Delphine Batho voulait la donner en son temps dans ce domaine. Elle fut la seule à ce niveau.  J’étais présente lors de son intervention le 5 mars 2013, à Lyon, pour l’introduction des troisièmes assises de l’éducation à l’environnement et du développement durable. Mais son ambition en la matière fut stoppée violemment puisqu’elle quitta le gouvernement quatre mois plus tard dans des conditions que nous connaissons tous, après avoir exprimé son amertume face à la baisse de 7% de ses crédits faisant de son ministère le plus affecté par les mesures d’économies. Les 25 & 26 avril dernier lors de la dernière conférence environnementale du quinquennat de François Hollande de nombreuses voix sont élevées pour regretter la faiblesse des actions concrètes en matière d’écologie.
La loi de transition énergétique n’étant mise en œuvre concrètement qu’à la fin de la présidence.
 
À défaut de ligne gouvernementale décisive, nous étions donc encore plus attentifs à votre proposition locale. Or, elle a provoqué en nous, une série d’étonnements et de déceptions
Ce règlement semble avoir été conçu hors-sol à bien trop d’égards.
Quel est le diagnostic de départ ?
 
Comment le nouveau territoire régional est-il maillé en matière d’éducation Nature Environnement pour un Développement soutenable ?
Quels en sont les points forts et les points faibles ?
 
En termes de publics, de thématiques, de résultats, donc d’urgence à résoudre en fonction des territoires.
Il n’y a, dans ce règlement, aucune réponse.
 
Vous notez simplement qu’il existe « des secteurs pauvres » sans indiquer lesquels ni pourquoi. Cette absence de diagnostic ne nous permet pas une lecture pertinente de votre stratégie et de votre plan d’actions notamment autour de deux enjeux pourtant matriciels.
 
À savoir d’une part la fusion et la structuration des réseaux pour une organisation plus efficiente et d’autre part la pertinence des messages adressés aux aquitains : la bonne formulation et la répétition de ceux-là par une communauté d’acteurs, étant la garantie de l’efficacité de leur impact.
Ce règlement est censé concerner tous les publics, même si votre écrit porte à confusion : vous mentionnez pour caractériser le grand public « toutes générations » une succession de publics spécifiques avec une liste fermée (les scolaires notamment les lycéens, les professionnels, les touristes, les personnes souffrant d’un handicap, et les personnes en difficultés sociales).
 
Il n’y a aucun lien dans ce règlement avec les Agendas 21 des lycées.
D’ailleurs l’Éducation nationale n’est pas citée ni d’ailleurs aucune organisation universitaire comme concourant à cette éducation. Il n’y a pas non plus de référence à tout autre dispositif lié aux autres publics listés par exemple en lien avec votre stratégie sur le tourisme durable, sur l’économie circulaire etc…
Il n’est nullement fait mention du rapport Le Treut alors pourtant que « l’un des quatre objectif de ce règlement est celui d’apporter des informations objectives intégrant la complexité des systèmes et l’évolution des connaissances. Il n’est pas davantage fait référence au rapport type Le Treut pour la biodiversité dont votre vice-président en charge de la biodiversité annonce la rédaction.
 
Il n’y a pas non plus de référence aux dispositifs institutionnels infra-régionaux ce qui permettait pourtant enfin à la région de prendre son rôle de leadership en termes de mobilisation citoyenne
 
Aucune précision budgétaire
« les crédits seront votés annuellement dans la limite des inscriptions budgétaires » voilà la seule information dont nous disposons. En 2015 dans l’ex Aquitaine nous savions que 350 000 euros étaient affectés à ce règlement: qu’en est-il dans la grande région ? peut-on avoir un ordre de grandeur au moins ? Dans le détail, les 2 fiches jointes en annexe, en tout cas la deuxième est très sommaire -tout est possible- sauf que vous indiquez qu’au titre de l’année 2017, l’appel à projet ne sera proposé qu’en cours d’année autour de l’été.
En matière d’évaluation, vous nous précisez vouloir « prévoir un dispositif d’évaluation lors du dépôt de chaque dossier afin de garantir la qualité de l’offre éducation et l’orientation des projets. Mais sur quelle base exactement se fera cette évaluation ? Avec quel niveau de précision alors même que le diagnostic est inconnu en tout cas pour nous?
Plus globalement, je voudrais regretter l’absence d’un vrai plan de communication d’envergure par-delà ce règlement et de mobilisation infrarégionale des acteurs institutionnels et associatifs pour relever le défi écologique autour de messages simples, partagés, audibles.
 
Qu’espérons-nous comme mobilisation citoyenne sur l’eau, sur l’adaptation au changement climatique, sur la compréhension des enjeux du développement soutenable…..?
Ce règlement permettra de soutenir les acteurs associatifs déjà actifs et c’est la raison pour laquelle nous voterons favorablement mais nous ne prenons pas avec lui le virage promis car la stratégie est trop peu lisible sans diagnostic sans moyen clair d’évaluation, sans définition précise de messages à délivrer ni transversalité pour garantie une vraie cohérence et efficacité politique.