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SRADDET Plan de traitement des déchets - Hélène Estrade

( voir la vidéo )

 Monsieur le Président, Mes chers collègues,

Le SRADDET est un schéma stratégique et intégrateur…

A ce titre il doit donc intégrer le Plan Régional de prévention et de gestion des déchets, PRPGD. C’est un exercice très compliqué aujourd’hui dans la mesure où ce plan n’a pas encore été présenté en Plénière et qu’à ce jour il n’est donc pas adopté. 

A la campagne on appelle cela « mettre La charrue avant les bœufs » …mais il vrai qu’il y a bien longtemps que les bœufs ne tirent plus la charrue et que le bon sens paysan a disparu…

Vous avez pris récemment Monsieur le Président, un arrêté relatif à l’arrêt du Projet de PRPGD et je me permets de vous signaler que dans « les considérants » mention est faite d’une consultation du groupe inter-commissions ayant eu lieu le 05 fevrier2019…or nous n’avons pas eu de réunions ce jour-là, une coquille mais susceptible d’entacher d’illégalité votre arrêté.

 Quoiqu’il en soit de cette incohérence d’agenda, Monsieur le Président, nous devons aujourd’hui nous prononcer sur le volet déchets du SRADDET.

Mettre la prévention des déchets au cœur du modèle de production et de consommation est un objectif très ambitieux et primordial ! le déchet le plus facile à traiter est effectivement celui qui n’est pas produit…

La prévention, c’est donc un objectif essentiel et sa réussite un enjeu majeur !

Mais la prévention aussi efficace et percutante soit-elle, soyons réalistes ! ne suffira pas avant quelques années, à enrayer la production de déchets et la masse de déchets à traiter, a malheureusement encore de l’avenir.

C’est un vrai défi auquel le SRADDET doit s’attaquer et répondre en proposant des solutions pertinentes et innovantes que nous ne trouvons pas ici.

Après la Prevention essentielle !! le SRADDET énonce des objectifs de réduction passant par le tri, le recyclage, la valorisation avec un objectif final celui de minimiser au maximum les déchets résiduels restant à stocker en décharge ou à valoriser énergétiquement par incinération.

Ces objectifs très ambitieux, très volontaristes appellent de notre part quelques remarques…

Sur le tri et la valorisation des biodéchets d’abord

Suite aux retours d’expériences négatifs, dans son article 70 la LTECV préconise le tri a la source des biodéchets et rend non pertinente la création de nouvelles installations de tri mécano-biologiques des OMR

 En cohérence avec la loi, le SRADETT propose

  • Plutôt une amélioration des performances des équipements TMB existants et la marge de progrès, si l’on en croit les spécialistes, est importante !
  • Une incitation forte au compostage individuel. Nous souhaitons attirer ici votre attention sur un point de vigilance … il faudra s’assurer de la bonne utilisation de ces composteurs par une micro formation certifiée. Car un compost mal aéré par un brassage fréquent génère du méthane, un GES 21 fois plus impactant que le CO2 !! la généralisation des composteurs pourrait donc avoir des conséquences inattendues…le diable se cache parfois dans les détails !
  • Des collectes sélectives en porte à porte mais elles impliquent à minima un doublement des ramassages avec un impact certain sur les émissions de CO2… la massification des biodéchets issus de ces collectes nécessitera des équipements adaptés et sans risques…des usines de production de gaz mais pas des usines à gaz !

Il nous semble important d’ajouter ici que le choix de la proximité, critère inscrit dans ce schéma, ne doit pas se faire au détriment de l’efficacité.

Ensuite sur le tri et la valorisation des autres déchets, les intentions sont bonnes mais les filières de valorisations restent incertaines voire absentes en France

  • Pour les CSR (combustibles solides de récupération) par exemple, le SRADETT souhaite amplifier la production mais actuellement il est très dommage de constater qu’il n’y a aucune réflexion de fond engagée sur la création de filières appropriées, pérennes et surtout fondées sur un modèle économique viable. Une voie sur laquelle la Région doit s’engager rapidement aux cotés des professionnels et être force de proposition.
  • Pour les plastiques et PCR (papiers cartons de recyclages), c’est le même constat, la situation est catastrophique ! aucune réelle solution sur notre territoire pour leur valorisation…

Jusqu’alors la solution hautement vertueuse et écologique, c’est ironique bien sûr ! consiste à les envoyer essentiellement vers la Chine, catastrophique pour le bilan carbone !! mais le « Chinese ban » vient de contrarier nos plans.  Le durcissement des conditions d’importation et les exigences de qualités imposées par les douanes chinoises ont d’ores et déjà un impact négatif considérable sur la commercialisation et le cours des matières et l’arrêt des importations prévues fin 2020 ne laisse augurer aucune amélioration. De surcroit la Chine est suivie dans ses restrictions par les autres pays asiatiques, Inde, Indonésie…

Une preuve s’il en est que la solution qui constitue à envoyer notre M---- chez les autres ne peut pas être considérée comme satisfaisante et pérenne. Qu’allons-nous faire de tous ces produits triés en attente de valorisation sans issue ?

Monsieur le Président face à cette situation, proposer des recycleries que l’on voit fleurir ici ou là c’est bien sympathique mais plus efficace serait de mobiliser activement la recherche aux cotés des entreprises, de bâtir un vrai programme de R&D et d’envisager un Cluster déchets/économie circulaire

Après la prévention, le tri, le recyclage et la valorisation dont nous percevons les limites, il reste les solutions ultimes, celles de l’incinération ou du stockage. Néanmoins le mot stockage nous laisse un espoir de déstockage. Un stockage déstocké pouvant devenir dans quelques années, avec l’évolution de la recherche, une source de matières premières…Certains y pensent déjà !

Savez-vous mes chers collègues qu’un centre de stockage peut être aujourd’hui un vecteur de développement économique vertueux ?

Le plus gros centre de stockage de Nouvelle Aquitaine, celui de Lapouyade, une petite commune située au centre de cette grande Région reçoit un tonnage autorisé très important de 430 000 t/an mais c’est aussi parce ce tonnage est important que le centre bénéficie d’une technologie de pointe. Grâce au captage très efficace du biogaz-méthane- issu de la fermentation de biodéchets résiduels, en 2018, ce centre a eu une production en électricité de 48 000MWh soit l’éclairage d’une ville de 45000 habitants et une production de chaleur de 41 000 MWh alimentant 8 hectares d’Eco-serres… A titre de comparaison une éolienne qui tourne 2000h/an produit 4000 MWh.

A Lapouyade, c’est aussi 130 emplois non délocalisables et une fiscalité locale de plus d’un million d’euro/an dont 80 000 € reviennent dans l’escarcelle de la Région…

Un exemple qui montre que même le stockage peut être le vecteur d’une économie circulaire vertueuse.

En conclusion, Monsieur Le Président, nous voyons bien que sur le volet déchets, le SRADDET a des objectifs ambitieux mais que les réponses réelles, réalistes et efficaces en matière de gestion et surtout de traitements sont absentes.  

Notre marge de progression en matière de gestion des déchets est énorme et Notre groupe LRCPNT est persuadé que les solutions à trouver passeront obligatoirement par un travail objectif et collectif, sans exclusion, de tous les acteurs de toutes les filières où l’idéologie et les a priori n’auront pas leurs places.