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Plan de Formation professionnelle - Marie-Françoise Nadau

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Monsieur le président, Mes chers collègues,

Vous nous présentez comme un plan régional ambitieux pour relever le défi des compétences pour faciliter les recrutements, ce qui n’est en fait qu’une feuille de route générale qui ne détaille pas vraiment d’actions concrètes mais qui définit simplement la volonté d’initier une réflexion concertée pour aider les entreprises à recruter et les demandeurs d’emploi à s’insérer professionnellement.

Cette opération se déclinerait  en 2 phases :-un contrat d’amorçage du Plan Investissement dans les Compétences

-une candidature de la Région NA pour un Pacte régional d’Investissement dans les Compétences

Vous nous aviez vanté de la même façon les précédents plans de formation à grande échelle initiés par l’Etat en 2016 (plan 500 000 formations, plan des 165 000 formations, puis des 80 000 supplémentaires en 2017). Des crédits très importants ont été mobilisés, tant par l’Etat (194 M€ en NA) que par la Région, mais nous constatons toujours les mêmes difficultés pour les entreprises à trouver une main d’œuvre adaptée à leur besoin. Le taux de chômage (source Dirrecte 2017) est de + 3,7% sur 1 an en NA contre + 2,7% sur 1 an au niveau national. Le taux de retour à l’emploi reste bas pour ce type de programme de formations de masse : 40,6% dans les 6 mois pour l’ensemble des actions.

Amélioration en 2019 Comment expliquer la lenteur de cette décrue ? Avec la reprise économique

– la croissance du PIB est attendue autour de 2 % cette année

– nombre de personnes sont encouragées à reprendre des démarches de recherche de travail. Mais, compte tenu de la fin de la prime à l’embauche dans les PME et de la diminution du nombre de contrats aides, les créations d’emplois devraient fortement baisser sur le premier semestre par rapport aux six premiers mois de 2017. La capacité à absorber la population active sera donc moindre. Prudent, le gouvernement renvoie d’ailleurs a 2019 une amélioration sensible sur le front du chômage, d’autant qu’il doit compter avec un troisième phénomène : le nombre d’employeurs signalant des difficultés de recrutement augmente. Pôle emploi estime entre 200.000 et 330.000 le nombre de postes non pourvus, même si le manque de personnes qualifiées n’est pas la seule cause. (LES ECHOS DU 12 MARS)

Vous le reconnaissez vous-même en préambule de cette délibération :

 «  Trop de chômeurs ! Trop de postes non pourvus ! Cela ne peut plus durer ! ».

Nous partageons le constat : Aujourd’hui la plus grande difficulté que rencontrent les chefs d’entreprise c’est de pouvoir recruter du personnel qualifié et formé.

Nous partageons l’objectif : Mettons tout en œuvre pour que nos actions de formation correspondent enfin à leurs attentes.

Reste la méthode et les moyens. Nous demandons une évaluation qualitative des formations des plans 500 000. Le manque de résultats probants sur le retour à l’emploi serait-il lié à un défaut qualitatif des formations elles-mêmes ? Vous le reconnaissez vous-même «  Après les plans 500 000 et 200 000 formations qui ont permis d’accroître significativement l’accès à la formation des demandeurs d’emploi » d’accord mais l’objectif était quand même que ces formations permettent une insertion dans l’emploi ! Il serait intéressant de nous faire part de la liste des formations éligibles à ce plan.

Il s’agit de mobiliser 51, 52M€ de l’Etat vers 11449 parcours de formation. Le coût de chaque formation passerait de 3500€ à 4500€ soit +28%. A lui seul cet argument ne garantit pas une meilleure formation ni des débouchés plus larges.

Nous ne sommes pas dans un objectif de moyens mais dans un objectif de  résultats. Résultats pour l’employeur et résultats aussi pour le demandeur d’emploi faiblement qualifiés  ou le jeune décrocheur pour qui la formation doit « contribuer à une véritable chance d’émancipation et de promotion sociale et professionnelles pour ces publics fragilisés et en même temps porter la question de la valeur humaine et de l’épanouissement au travail comme le souligne le CESER.

Parmi les actions proposées certaines sont intéressantes telles que l’action 4 sur les centres d’apprentissage en entreprises.

L’action1 : sur le réseau de réflexion sur les emplois du futur. Vous nous en aviez déjà parlé en 2016 lors du lancement du plan 500 000 avec beaucoup d’enthousiasme. Quelles actions concrètes ont été portées.

L’action 5 : mettre en place une force d’intervention rapide. Inutile d’attendre et elle est opérationnelle. Vous pouvez vous appuyer sur les CCI qui connaissent parfaitement les entreprises locales et  qui de plus ont signé avec les Régions une convention de partenariat le 6 mars 2018.  Ensuite Pôle Emploi, immédiatement mobilisable avec des formations adaptées localement. Actuellement la Région n’attribue pas de dotation à Pole Emploi pour les formations hors PRF.  

L’action 9 : la mobilité. Là aussi, faisons simple pour que la formation la plus proche du lieu de résidence soit éligible.

L’action 10 : pourquoi un nouveau dispositif jeunes ? Evaluation de l’existant, simplification pour être efficace.

Nous partageons l’avis du CESER qui regrette  la vision comptable et adéquationniste de ce plan.  

Nous restons persuadés que les Régions sont les mieux placées pour assumer le rôle de chef de file en matière de formation. Nous partageons certaines de vos inquiétudes quant à la réforme de l’apprentissage : que la métropolisation ne soit pas l’assèchement des territoires ruraux. Des interrogations aussi quant aux financements des CFA inter professionnel et multi branches ou ceux formant des métiers ne relevant pas des grandes branches professionnelles.  

Jusqu’à présent nous avons voté contre les 3  plans précédents de formation et vous nous donnez raison puisque vous écrivez : "Le PIC rompt avec les logiques de court terme pour penser les évolutions de long terme".

Nous ne doutons pas de votre volonté d’avancer mais nous regrettons le manque de bilan des plans précédents qui aurait pu servir de base à la construction de ce Plan d’investissement des compétences. Pour ces raisons notre groupe s’abstiendra et se prononcera au fur et à mesure des CP sur les actions que vous proposeraient.